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Quelques guerriers dans l’histoire

 

1 - Le fantassin de ligne de l’Empire

2 - Le fantassin de l’air 1936 – 1940

 

 

Le fantassin de ligne de l’Empire

« L’empereur gagne ses batailles avec nos jambes »

Litanie des Grognards de l’Empire

« Ils grognent mais marchent toujours »

Napoléon

    Lorsque sont évoqués les soldats du premier Empire, l’image du grenadier de la garde et de son bonnet à poils, dont le souvenir est entretenu par les célèbres mémoires du capitaine Coignet, s’impose naturellement. Les splendides hussards de Lassale ou les lourds cuirassiers chargeant derrière Ney ou le prince Murat complètent le tableau de nos imaginaires collectifs.

Mais force est de constater que le grand oublié de l’armée impériale reste souvent son principal acteur. Le simple fantassin de la ligne, paysan du Languedoc ou de Lorraine, Hollandais ou Italien, a en effet formé les gros bataillons dont l’empereur disait depuis Marengo qu’ils étaient seuls garanties de victoire.

L’infanterie de ligne, cœur de l’armée impériale, reste distincte de l’infanterie légère jusqu’au milieu du XIXe siècle. Elle en diffère toutefois fort peu, si ce n’est dans l’absence de plumet au shako et surtout dans la composition des compagnies d’élite de chaque bataillon et leur emploi au feu.  L’infanterie légère combat sur deux rangs et fait un plus large usage des tirailleurs.

L’organisation de l’infanterie est sous l’Empire largement héritée de l’Ancien Régime. L’ « Ordonnance portant règlement sur les manœuvres » à la base de l’emploi de l’infanterie date des années 1780 et est inspirée de Guibert et de l’école prussienne de Frédéric II. Légèrement modifiée en 1791, elle fut par la suite simplifiée afin de conserver et d’améliorer l’avantage des changements rapides de formation tout en évitant la rigidité prussienne bien peu adaptée aux armées héritées de la Révolution.

Le principe général de combat de l’infanterie de Ligne est l’emploi simultané de tous les moyens de feu disponibles : « Occuper un front qui permette l’utilisation de toutes les armes; Multiplier les tirailleurs, passer rapidement de l’ordre déployé à la colonne d’attaque ou au carré et réciproquement. »

Le bataillon de ligne comprend 10 compagnies de 40 à 100 soldats dont 8 de fusiliers, une de grenadiers et une de voltigeurs. La manœuvre de ces unités de base permet le passage rapide d’une formation à une autre en fonction des nécessités du moment. Si l’ordre mince, privilégiant le feu, est le standard européen, l’ordre profond, « en colonne de divisions » ou en « colonnes serrées », meurtrier pour l’assaillant mais privilégiant la capacité de choc est typique des armées de la Révolution. Napoléon adopte en Italie un « ordre mixte » profitant des avantages des deux formations.

Les compagnies de ligne, couvertes par un rideau de tirailleurs profitant des accidents du terrain, se déployant pour ce faire « en bataille » sur trois rangs (deux à partir de 1813.) Le premier rang à genou et le second, debout, tirant « à volonté » pendant que le troisième recharge les fusils pour soutenir une cadence de tir bien faible à l’époque (deux coups par minute, exceptionnellement trois, en fonction de l’entraînement.)  L’arme de dotation est en effet durant toute la période le fusil à silex modèle 1777, modifié en 1800 et 1803 mais restant en service jusqu’en 1840. Il se charge en 12 temps et 18 mouvements.

Si la discipline et la tenue au feu sont les premières qualités demandées au fantassin, son endurance et sa capacité à effectuer d’épuisantes marches forcées sont au cœur même de la « manière » napoléonienne. Parcourant par jour jusqu’à 40 kilomètres et plus à travers toute l’Europe avec un barda de plus de 30 kilos, les soldats de l’empire permettent d’appliquer le principe de dispersion-concentration des forces autorisant à Napoléon ses plus brillantes manœuvres (celle d’Ulm en 1805, conduisant à la reddition sans combat des 70000 hommes de Mack en étant le plus bel exemple.)

C’est pourquoi la conscription de l’époque élimine automatiquement (jusqu’à ce que l’urgence à partir de 1813 ne modère ce principe), outre les hommes mariés, non seulement les hommes de trop petite taille mais aussi les édentés qui ne peuvent déchirer les cartouches ou les hommes incapables de parcourir les distances requises pour cause de déficiences ou d’infirmités physiques. Le nombre de mutilés volontaires augmentera d’ailleurs à mesure du rejet de la conscription, les réfractaires se trouvant de plus en plus nombreux à partir de 1808-1809.

Les conditions de vie du fantassin en campagne sont difficiles, le ravitaillement souvent aléatoire et les services sanitaires dramatiquement insuffisants. Malgré l’usage de fours à pain mobiles à la suite des colonnes et l’achat  de vivres sur place, la maraude est fréquente. Les soldats de l’époque meurent trois à quatre fois plus souvent de maladie que par le fait du feu ennemi.

Figures les plus ordinaires des troupes napoléoniennes, ces fantassins payèrent pourtant le plus lourd tribut des guerres de l’Empire.

 

CARACTERISTIQUES DU FUSIL A PIERRE MODELE 1777

Longueur : 1,52 m hors baïonnette (56 cm) Poids : 4,6 kg. Calibre : 17,5 mm tirant une balle de 27 grammes.

Portée : maximale de 970m, utile de 235m, efficace de 135m.

Opérations de chargement :

1-     Chargez (2 mouvements)

2-     Ouvrez le bassinet

3-     Prenez la cartouche

4-     Déchirez la cartouche

5-     Amorcez

6-     Fermez le bassinet

7-     Arme à gauche (2 mouvements)

8-     Cartouche dans le canon

9-     Tirez la baguette (2mouvements)

10- Bourrez

11- Remettez la baguette (2 mouvements)

12- Portez arme

 

Conseils de lecture :

-         Blond (G) : La grande Armée, Robert Laffont, 1979.

-         Buquoy : Série des Guerres napoléoniennes, FR-17 - Les troupes des régiments de ligne.

-          Funcken (L et F) : L’uniforme et les armes des soldats du Premier Empire, 1973.

 

 

Les fantassins de l’air français (1936 – 1940)

 

« L’infanterie de l’air est née, a vécu et a été dissoute au milieu d’une regrettable indifférence »

Commandant Michel, patron des GIA, 24 août 1940

 

 

       Après la Première guerre mondiale, malgré quelques essais sans grand lendemain comme ceux de Mitchell aux Etats-Unis, l’intérêt des puissances à développer des formations de troupes parachutistes ne s’éveilla que très tardivement. Seule véritable pionnière en la matière, l’Union soviétique s’y intéressa massivement dès 1925, créant une brigade dès 1931 et disposant en 1937 de 100000 parachutistes brevetés.

 

En France particulièrement, cette innovation militaire promise pourtant à un brillant avenir mit longtemps à s’imposer. La naissance d’une armée de l’Air indépendante (1933) sous l’impulsion du ministre Pierre Cot allait pourtant au milieu des années trente permettre de lancer une série d’essais, lesquels, bien que  modestes, marquèrent la naissance effective du parachutisme militaire français.

 

En octobre 1936 est décidée la création pour avril 1937 de 2 Groupes d’Infanterie de l’Air devant être stationnés à Reims (GIA 601) et à Maison-Blanche en Algérie (GIA 602). Chaque groupe doit initialement comprendre, avec deux escadrilles de transport et des services, une seule compagnie parachutiste de 175 hommes, dénommée compagnie d’infanterie de l’air, à 4 sections dont une de soutien. En tout, les deux groupes doivent initialement comprendre 750 officiers et soldats et une trentaine d’appareils Potez 65.

 

Même ces modestes objectifs ne peuvent être véritablement atteints et les deux GIA connaîtront au cours de leur brève existence un déficit permanent d’effectif et de matériel. Partagé et sceptique quant à l’emploi qui peut être fait de ces troupes, le commandement n’accorde en effet que de très sporadiques crédits de dotation.

 

Durant la drôle de guerre (septembre 39 – mai 40), les deux GIA sont stationnés dans la région d’Avignon et l’on s’interroge toujours sur leur utilisation tandis que les Allemands s’apprêtent à faire la preuve des réelles potentialités de cette arme nouvelle. Les fantassins de l’air n’auront d’ailleurs pas la possibilité de prouver leur valeur par le moindre saut de guerre. Durant les terribles journées de mai et juin 1940, une compagnie assurera la sécurité du général Vuillemin, commandant en chef de l’armée de l’air tandis qu’une autre sera utilisée comme compagnie d’instruction, puis d’infanterie de marche. Les deux groupes sont finalement dissous fin août 1940.

 

Pourtant, ces débuts confidentiels et éphémères n’en marquèrent pas moins la véritable naissance des TAP. Dès juillet 1941, une Compagnie d’Infanterie de l’Air fut recréée en zone libre mais c’est le 1e R.C.P qui, à partir de 1943, formera la première grande unité parachutiste française. Bien que n’effectuant lui non plus aucun saut en opération, ce régiment participera activement en 1944-45, dans les Vosges et en Alsace, à la libération de la Métropole. 

 

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